La Question démocratique par Raymond Procès


La vie de l’homme est subornée à l’existence d’un état. L’esprit en se transmutant en état, aliène sa liberté. Ses suggestions perdent leur fondement individuel pour généraliser son statut communautaire. L’état est un tout, semblable à un unique et énorme cerveau qui régente le corps de ses administrés.
Hegel, dans ses principes de la philosophie du droit, énonçait une telle évidence. Quoi de plus logique qu’il en soit ainsi, puisque l’esprit libre a pactisé avec ses congénères. L’individu ne possède plus la liberté de considérer un monde personnel. Il fait parti d’un état et celui-ci l’insère dans une vision globale formulée par l’ensemble des cerveaux pensants.
Ce qui crée les distensions à l’intérieur d’un état est que tout un chacun le croit sien. La propriété étant mère de tous les vices, il découle que la dispute pour la possession de l’état amène inévitablement l’iniquité.
L’état démocratique et républicain appartient au prime abord à la nation souveraine. Bakounine présentait l’état comme la chose publique, un potentat spécifique où les intérêts, le bien collectif et droit de tout le monde, se voyaient opposés à l’action dissolvante des intérêts et des poumons égoïstes de chacun. Tout pareil à l’instabilité de la nature humaine, l’état, qui en est sa création, est sujet à des tourments individuels.
L’homme élabore un être état dans le but de surseoir à ces passions égoïste. Le malheur, pour lui, c’est qu’il n’avait pas supputé qu’une création sortie d’un cerveau incohérent ne se devait être qu’une incohérence. L’état est le reflet potentialisé de la défection de la pensée humaine. De sorte que l’homme a crée un système pour s’auto punir de son irresponsabilité.

L’accession au pouvoir dominant a toujours suscité une âpre bataille entre les candidats déclarés. Le profil du prétendant type se signifie par un désir obsessionnel d’accéder à la plus haute magistrature. Il persiste un engouement maladif de vouloir se défaire de l’indélicatesse des mauvaises attitudes qui choquent. Le prétendant par de belles paroles essaye de se montrer comme un saint dépourvu de toute ambition personnelle, exclusivement voué à la cause de l’intérêt général. Il en vient même à oublier sa qualité d’être humain pour se montrer en être immaculé porteur de la plus belle espérance du monde. Il s’identifie au libérateur, à l’être suprême ayant mis au rebut les innombrables imperfections du système communautaire et qui grâce à sa seule action trouvera le moyen de protéger et de chérir la nation toute entière.
Cependant derrière une façade de philanthropie affichée, se dissimule la fausseté de l’individu gorgé de convoitise. Le requin cruel et belliqueux qui pour gravir les marches de la célébrité concoure à la plus grande des supercheries. Il assure s’il est élu, un fonctionnement de gouvernement dans l’équité, la plus honorable. Il manie le mensonge avec une dextérité éprouvée. Lorsqu’on l’interroge sur la nature véritable de ses prétentions, jamais il ne vous répondra :
« Moi j’ai les mains sales jusqu’aux coudes, je les ai plongées dans le monde et dans le sang et puis après ? Est-ce que tu t’imagines qu’on peut gouverner innocemment ? »
Propos de M. JP Sartre.
La politique est exempte de pureté, ces protagonistes ne sont qu’un ensemble de personnages érudits pour la plupart qui n’envisagent que l’acquisition du symbolique sceptre. Le constat démontre que la symbiose intelligence et instruction ne rend pas l’homme obligatoirement sensé. La sagesse ne repose pas sur ces critères qui pourtant conçoivent l’individu dans sa classification sociale.
Il faut croire que le spectacle que jouent les hommes politiques plaît puisque la nation y adhère. Une majorité de gens a consenti à ce qu’on définisse un état démocratique. Un état selon Lénine qui reconnaît officielle l’égalité entre les citoyens, et le droit pour tous de déterminer la forme de l’état et de l’administrer.
Mais, il survient un impondérable, une pièce défectueuse dans l’assemblage de ce beau système. Beaucoup préjugent de la compétence des gens qu’ils élisent aux postes de commandement.
On leur concède une honnêteté, une intégrité qu’ils ne méritent pas nécessairement.
Le peuple lègue souvent son mandat à d’autres hommes, parce qu’il considère que le savoir de ceux-ci mérite tous les éloges possibles. Il s’agit ici d’une preuve de l’incapacité des hommes à se débrouiller seul. Il s’avère indispensable qu’ils soient sujets d’une autorité quelconque, ce qui marque encore plus la différence entre la potentialité de chaque être humain. La notion de faible et de fort conserve toute sa force d’interprétation.
Le peuple pense se donner d’avantage de liberté en établissant l’état démocratique. Mais dès le départ s’érige une contradiction, la liberté qui réclame aucune contrainte, se voit dans la démocratie affligée d’une direction centralisée.
Il n’est pas de variété d’état qui apporte la liberté à l’homme. A partir de l’instant où l’être humain ne peut supporter l’absolue. L’individu libre est un vagabond sans foi ni loi qui n’a ni avenir, ni passé. Le néant est sa maison car il ne possède aucun point d’attache. Pour que l’homme soit ce qu’il croit être, il aspire à la rencontre de l’autre. Dès lors sa liberté est contingentée, car accepter la présence d’autrui, revient à lui céder une part de soi- même.

Raymond Procès

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  • Est proposé par rayjen |
  • Le 16 février 2009 |
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