« Visions de guerre, Regards d’enfants », annulée en Mairie du XVII à Paris


LA MAIRIE DU XVIIe ARRONDISSEMENT DE PARIS ANNULE
L’EXPOSITION DE DESSINS D’ENFANTS SERBES DU KOSOVO, « Visions de Guerre, Regards d’enfants », QU’ELLE AVAIT ELLE-MÊME ANNONCÉE

Mme Brigitte Kuster, maire UMP du 17e arrondissement, a annulé l’exposition de 50 dessins d’enfants du Kosovo organisée par les associations caritatives “Vérité et Justice” et “Solidarité-Kosovo”. L’exposition a été installée le 13 février et devait durer du 16 au 28 février 2009. Deux journées de rencontres, les 20 et 21 février, devaient permettre le compte rendu des voyages humanitaires de distribution d’aide sur place aux enfants, et une signature de livres par une quinzaine d’auteurs, comprenant des personnalités comme l’ex-ministre des Affaires étrangères Roland Dumas et le célèbre avocat Jacques Vergès. Les ambassadeurs d’une trentaine de pays avaient été invités au vernissage, et l’exposition avait été annoncée sur un grand nombre de sites Internet. Mme Kuster a donné comme raison de son interdiction l’aspect “politique” de la manifestation, un aspect vivement contesté par M. Louis Dalmas, le président de “Vérité et Justice” qui fait le récit des événements.

A la suite d’un concours organisé par la Société de l’amitié serbo-russe pour les enfants serbes du Kosovo âgés de 7 à 14 ans, un album de 230 de leurs dessins, choisis parmi des centaines de contributions, a été publié par le groupe de presse belgradois Vecernje Novosti.
Ces dessins sont particulièrement émouvants car ils ne représentent que bombardements, incendies, pillages, enceintes de barbelés et armes en tous genres. La vision du monde d’une génération entière traumatisée par la guerre et la haine ethnique.
Notre association “Vérité et Justice”, fondée en 2003, a sélectionné 50 de ces dessins et a conçu le projet d’en faire une exposition destinée à sensibiliser le public français sur la situation de ces enfants qui vivent dans de véritables ghettos, en butte aux exactions d’un entourage décidé à effacer toute trace de présence serbe dans la région, et à leur procurer quelques ressources supplémentaires dont ils ont grand besoin.
Nous avons été rejoints dans la réalisation de ce projet par l’association “Solidarité-Kosovo” qui organise depuis des années des distributions de secours et de cadeaux aux enfants dans les enclaves serbes du Kosovo, et en est à sa huitième mission sur le terrain.
Le projet d’exposition est donc, par sa nature même, exclusivement humanitaire et caritatif.

L’installation de l’exposition annoncée du 16 au 28 févier 2009 à Mairie du XVIIe ardt de Paris

Par lettre du 13 janvier 2009, accompagnée du dossier complet à remplir, le Directeur général de la mairie du XVIIe arrondissement de Paris, M. Pierre Bourriaud, nous a confirmé la concession de la salle des fêtes de la mairie pour deux journées, les 20 et 21 février 2009, au cours desquelles devaient avoir lieu :
1) le vendredi 20 après-midi et soir, le vernissage de l’exposition et deux comptes rendus illustrés de projections des voyages caritatifs effectués sur place ;
2) le samedi 21 toute la journée, la signature de leurs ouvrages par une quinzaine d’auteurs, venant en personne apporter leur soutien.
Par la suite, Mme Joelle Racary, représentante de Mme le Maire Brigitte Kuster, nous a indiqué que la mairie consentait à ce que l’exposition des dessins se tienne dans le hall du 1er étage du 16 au 28 février 2009. Elle nous a autorisé officiellement à accrocher à l’entrée de la mairie deux “kakemonos” (grandes affiches de 2 m 50 de haut et de 1 m de large) annonçant cette exposition ; elle s’est engagée à mettre à la disposition du public des “flyers” (tracts) reproduisant cette annonce et donnant le programme des deux journées de rencontres ; elle nous a indiqué que l’accrochage des 50 dessins pouvait se faire dès le vendredi 13 février.
Tout cela a été réalisé comme prévu sous son contrôle et avec son accord.

La promotion de l’évènement

Sur la foi de ces engagements, nous avons procédé à des dépenses et entrepris une importante campagne de promotion.
Nous avons fait reproduire les 51 dessins aux dimensions requises pour l’exposition, nous les avons fait encadrer sous verre, nous avons fait imprimer le matériel d’information (kakemonos, flyers, cartes postales, invitations, etc.), nous avons passé commande des boissons et amuse-gueules pour le buffet du vernissage, nous nous sommes assurés le travail d’un professionnel des relations publiques, etc.
Les médias ont été largement informés par e-mail de la tenue de l’exposition. L’annonce a été reproduite sur de nombreux sites Internet, dont le site même du journal de la mairie du XVIIe. Les 1.770 abonnés du journal B. I. ont été avertis et un certain nombre d’entre eux ont projeté de venir de province pour visiter l’exposition. 72 invitations individuelles ont été envoyées à des personnalités de la diplomatie, de la politique ou des médias, parmi lesquelles les ambassadeurs de 36 pays. Les flyers ont été distribués en différents endroits et déposés dans plusieurs librairies. Les éditeurs des treize auteurs ont été prévenus, et les dispositions ont été prises pour la livraison des livres le vendredi après-midi.

Une volonté commune de faire aboutir ce projet

A la demande de Mme Racary, parlant au nom de Mme le Maire, nous avons supprimé deux panneaux qui situaient l’exposition, au strict niveau des faits, dans le contexte historique et actuel du Kosovo, un panneau de présentation de l’association “Vérité et Justice” qui ne faisait que mentionner la publication des trois livres des éditions du Verjus, et un dessin d’enfant représentant un soldat de la KFOR tenant en laisse la colombe de la paix. La raison invoquée était que ces éléments “politisaient” la manifestation. En les supprimant, nous avons prouvé notre accord avec le maintien de l’exposition au strict niveau caritatif.

L’obligation de décrocher l’exposition au premier jour annoncé de l’évènement !

Le 16 février, un coup de téléphone de Mme Racary nous annonçait que Mme Brigitte Kuster interdisait l’exposition et exigeait le décrochage immédiat des dessins et le retrait des annonces. L’interdiction a été confirmée par une lettre officielle en date du 16 février 2009.

Mme Kuster la justifie par le fait que “certains éléments faisaient clairement la promotion d’un ouvrage de Slobodan Milosevic tant au niveau de l’exposition que dans la communication ayant trait aux conférences.” La soi-disant “promotion” est la mention – dans un panneau décrivant en général les activités de l’association “Vérité et Justice” – d’un des trois titres publiés par ses éditions Le Verjus avec la phrase suivante : “Ma Vérité, par Slobodan Milosevic. Ni une autobiographie, ni un plaidoyer, mais une analyse documentée de la dernière décennie, par un des principaux acteurs de la politique internationale”, ce qui est simplement énoncer le fait de la publication et résumer le sujet, sans prendre position sur le contenu. Est-il répréhensible d’éditer un ouvrage de référence historique en France ?
De toute façon, le panneau comportant cette phrase a été retiré, ce qui enlève toute valeur à l’argument.
Mme Kuster nous reproche de ne pas l’avoir “informée en amont de manière plus explicite de la teneur de cet événement.” C’est un reproche sans fondement. Après deux mois d’entretiens explicatifs, un premier flyer a été remis en janvier 2009. Le 5 février, Mmes Racary et Clary (en charge du site web) ont reçu tous les documents relatifs à l’exposition, qui ont été complétés par de nouvelles précisions le 9 février 2009. Mme Kuster était parfaitement au courant de la nature de la manifestation.
Sa décision scandaleuse, aux conséquences extrêmement dommageables, communiquée à la dernière minute après plus de deux mois de préparation en liaison avec les services de la mairie, ne fait que témoigner de son mépris pour les souffrances d’enfants que cette exposition humanitaire s’efforçait de soulager.
Louis DALMAS
Président de Vérité et Justice.
lodalmas@wanadoo.fr