Histoire du Maroc : Les Alaouites


Les Alaouites : également nommés Filaliens, les Alaouites, au sang mêlé (berbère et arabe), descendaient eux aussi du gendre du prophète, Ali. Ils s’étaient établis dans le Tafilalet (région actuelle d’Erfoud-Rissani, beaucoup plus prospère alors qu’aujourd’hui). Ils étaient austères, menaient une vie pauvre, méditative et vertueuse. En 1649, ils prirent Fès d’assaut puis, en 1668, ce fut le tour de Marrakech. C’est cette dynastie qui est toujours sur le trône actuellement, représentée par l’actuel roi du Maroc, Mohammed VI. Le système politique centralisé mis en place, appelé makhzen (littéralement l’« entrepôt », d’où notre « magasin »), s’est maintenu, quant à lui, jusqu’au protectorat.

Moulay Isma’il, le frère de Moulay Rachid, le fondateur de cette nouvelle dynastie, fut surnommé par les historiens « l’assoiffé de sang » ! C’est un peu le Louis XIV marocain : longévité exceptionnelle (règne de 55 ans, de 1672 à 1727), grand appétit de puissance dans tous les domaines (il avait un harem de 500 femmes, dit-on…). A cette époque, Meknès est privilégiée comme ville impériale.

Le XVIII’ siècle voit le Maroc s’enfoncer dans une longue période de troubles : l’économie va mal, le pays se replie sur lui-même. Alors que l’Europe s’engage dans la voie de la révolution industrielle et que l’impéria­lisme prend un nouveau visage, le Maroc bouge peu et excite les convoi­tises.

Les débuts de l’ère coloniale

La prise d’Alger par la France, en 1830, suscita de vives réactions au Maroc. qui prit alors parti contre les nouveaux occupants. Moulay Abd er-Rahman en profita pour tenter de s’emparer de Tlemcen, puis il noua des intrigues avec l’émir Abd el-Kader contre l’autorité française en Algérie pour, finale­ment, se laisser entraîner dans une guerre ouverte contre la France. Les troupes chérifiennes furent écrasées à la bataille d’Isly par le général Bugeaud — qui devait posséder une drôle de casquette puisqu’elle fit l’objet d’une chanson connue de tous les gamins ! Les Marocains se virent contraints de signer la paix en 1844, ce qui permit à la France d’achever sa conquête de l’Algérie.

Algésiras : un contrat d’ingérence totale

Intronisé à l’âge de quatorze ans, le jeune et inexpérimenté souverain chéri­fien Abd el-Aziz (1894-1908) eut bien du mal à s’en sortir, d’autant plus que des mouvements de révolte éclatèrent au coeur du pays et que les Euro­péens n’attendaient que ça pour intervenir et se partager le gâteau nord-africain. En effet, beaucoup de nations commençaient à s’intéresser de près au Maroc et à son trafic caravanier. Les grandes entreprises anglaises, alle­mandes et françaises s’y implantèrent. Les ports furent bientôt contrôlés par un consortium de banques françaises. Dès 1905, la France envisagea l’ins­tallation d’un protectorat, ce qui entraîna une vive réaction allemande : un débarquement à Tanger, très « médiatique » pour l’époque, avec l’empereur Guillaume II à sa tête…

Le jeune souverain marocain, manipulé, soumis aux influences occidentales, ne s’occupa guère du sort de son pays. Réunies à Algésiras en 1906, les grandes puissances occidentales tinrent une conférence internationale et réglèrent le sort du Maroc. La France abandonnait ses prétentions sur l’Égypte, mais, en contrepartie, elle obtenait le champ libre au Maroc. Des troubles anti-français sont alors le prétexte pour une première occupation (Oujda en 1907), puis c’est le tour de Casablanca et de son arrière-pays (1908). En 1911, Fès est occupée : grosse crispation avec l’Allemagne et la Première Guerre mondiale n’est pas loin de se déclarer avec trois ans d’avance lorsque Guillaume II envoie un navire de guerre dans la baie d’Agadir! Et pourtant, l’installation d’un protectorat français est imminente.

  • Est proposé par frederic22 |
  • Le 5 décembre 2010 |
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