BILAN de l’université d’été du réseau IMAGINE 2020 – art & climate change


« De la science à l’art, les forêts au cœur de la vie »

www.domaine-do-34.eu / www.imagine2020.eu

Du 24 au 27 août 2011, artistes, institutions, scientifiques et experts de 9 pays européens se sont rencontrés au domaine d’O à Montpellier autour de la question du changement climatique, dans le cadre de « l’Année Internationale des Forêts ». Le changement climatique affecte profondément l’écosystème que représente la forêt et menace aujourd’hui la survie des espèces végétales et animales, y compris l’homme.

Cet événement constitue une première rencontre importante pour le réseau européen IMAGINE 2020 – art & climate change, fondé en 2010 avec le soutien de la Commission Européenne. Interrogés à l’issue de cette première université d’été/summer lab, les quelque 30 participants livrent un premier bilan riche en enseignements sur la relation qu’artistes et scientifiques peuvent tisser et comment ils peuvent ensemble relever le défi environnemental auquel nous devons d’urgence faire face au niveau planétaire.

LES GRANDS ENSEIGNEMENTS DE L’UNIVERSITE D’ETE/SUMMER LAB

Le contenu scientifique divulgué et la possibilité de dialoguer collectivement ont été essentiels pour aider les artistes à se forger un point de vue :

Les artistes, à l’instar du grand public, sont souvent mal informés sur les avancées scientifiques, du fait que les chercheurs ne sont que rarement en contact direct avec eux et que l’information n’est souvent accessible que dans des revues spécialisées, peu compréhensibles pour des néophytes. A l’unanimité pour les artistes, cette rencontre a donc fait sens et les échanges ont été remarquablement riches. Tous affirment que leur regard sur le changement climatique a évolué et que ce complément d’informations a permis d’affiner leur point de vue.

L’immersion dans la forêt du Mont Aigoual au début de l’université d’été a été un moment fort, car les artistes ont besoin d’observer et de ressentir l’environnement naturel pour mieux s’en inspirer.

Les échanges avec les scientifiques ont été également très intenses car ces deux « populations », peu habituées à se côtoyer, ont levé les préjugés qu’elles pouvaient avoir l’une envers l’autre.

Concernant les perspectives d’avenir, la vision des scientifiques rejoint celle des artistes. Elle porte l’espoir de changer le monde et est renforcée par le caractère collectif du mouvement que constitue le réseau IMAGINE 2020. Ce mélange des profils s’est révélé propice au développement de l’imagination et de la création.

Certaines informations scientifiques ont particulièrement interpelé les artistes :

La prise de conscience des multiples facteurs de changement du climat et leurs conséquences en cascade ont été particulièrement marquantes pour les artistes. L’atelier sur l’évolution des forêts à l’échelle de l’histoire de la planète a notamment permis de comprendre le lien entre le climat et l’évolution des forêts, la stratégie des plantes en termes de diversification, de mobilité, ou encore d’entraide entre espèces.

Autre idée phare : ce n’est pas le changement climatique en tant que tel qui constitue un péril immédiat pour la vie sur Terre. Les espèces végétales par exemple savent parfaitement s’adapter à l’augmentation de la température. Le véritable problème est la mauvaise gestion des ressources naturelles de la planète par l’Homme, qui cause leur disparition.

Par ailleurs, la notion « d’économie de l’environnement » et l’idée que tout puisse être vendu et acheté y compris les choses immatérielles telles que le CO2, qui fait l’objet d’un véritable marché spéculatif, les a fortement interpelés.

Parmi les autres thèmes abordés, la socio-anthropologie et la vie des tribus dans les pays exotiques ont attiré l’attention des artistes, sans doute parce qu’ils font le lien avec l’Homme directement et ont permis d’avoir une idée plus précise quant aux rapports que l’Homme entretient avec son environnement.

Le rapprochement entre l’art et la science recèle un potentiel de dialogue immense, dans lequel chacun doit trouver sa place :

Pour les scientifiques et les experts, la confrontation avec les artistes a été stimulante intellectuellement. Le temps de restitution a été pour eux le vrai moment d’interaction avec les artistes, puisqu’il s’agissait de définir  les mots clefs de l’université d’été et de les mettre en scène ensemble.

Le potentiel du dialogue entre art/science paraît très vaste parce qu’il concerne différentes disciplines artistiques (théâtre, performances visuelles et sonores, etc.).

Les experts ont également pris conscience que l’art est le catalyseur des émotions que la science n’explique pas toujours. C’est une manière d’aller au-delà de la science et au-delà des codes, vers les hommes. Les émotions et le travail autour de ces dernières sont perçus comme le point central du dialogue art /science. Le scientifique utilise ses émotions et ses intuitions pour orienter le choix de l’objet de son travail alors que l’artiste fait de ses émotions la matière noble de son travail. L’artiste n’a donc finalement pas le monopole des émotions, ce qui peut aussi aider à briser beaucoup de préjugés.

Ce qui est intéressant entre les scientifiques et les artistes, c’est d’avoir les mêmes objectifs et de pouvoir les atteindre avec des signifiants différents. Ce dialogue peut tirer sa pertinence dans le fait qu’il s’agit d’un débat éminemment pédagogique et qu’il laisse par ailleurs au spectateur une autonomie de réflexion suffisante.

Dans un monde transformé par les besoins du capitalisme, c’est le rapport que l’Homme moderne entretien avec la nature qu’il faut explorer, à la fois dans ce qu’il a de plus sage et de totalement déraisonnable. Pour favoriser la prise de conscience du grand public, les artistes considèrent qu’il faut orienter les créations vers la notion de responsabilité. La dimension esthétique (les éléments esthétiques apportés par les images de nature) ne doit pas prendre l’ascendant sur cette question de « responsabilité ». C’est cette prise de conscience elle-même qui est la principale source d’inspiration.

Sur la question du rôle de l’artiste et du scientifique dans ce processus de dialogue art/science, les artistes ne veulent pas être simplement là pour vulgariser auprès du grand public les théories des scientifiques. L’objectif même de l’université d’été est de permettre aux deux disciplines de s’enrichir mutuellement. Certains artistes pointent du doigt la nécessité de définir la place de chacun, afin que personne ne soit instrumentalisé et que le débat puisse rester pertinent.

Enfin, certains artistes émettent l’idée que le débat puisse être davantage politisé.

Les projets artistiques envisagés à la suite de cette université d’été :

Cette rencontre a, en premier lieu, accrédité la démarche de certains artistes qui ont vu leurs projets antérieurs légitimés par la nature des débats. Cet événement vient donc alimenter leurs projets futurs.

L’université d’été/summer lab a été qualifiée de « laboratoire de germination ». Elle est porteuse par essence de projets fertiles que les participants devront nourrir. Il n’y a cependant pas à date de réponse précise quant au contenu des futures créations artistiques. Tous les artistes et scientifiques s’accordent à dire qu’il est trop tôt pour parler d’un projet tangible, même si la légitimité du débat art/science est évidente. Des opportunités de travailler ensemble se sont dessinées, il ne reste plus qu’à les approfondir et les concrétiser.

En ce qui concerne l’utilisation de matériaux écologiques dans la création artistique, certains sont déjà totalement concernés par ce sujet et d’autres ont commencé à y penser.

Parmi les pistes de réflexion mentionnées par les artistes et les scientifiques, se dessinent notamment un projet d’échange sur la mobilité des plantes, un « petit théâtre de la biodiversité », une réflexion sur l’introduction de l’art dans les Campus du CIRAD ou encore comment aborder l’art et la science au collège et au lycée.

«Protéger notre environnement est une question de sagesse, qui doit donner vie à des actes artistiques ou politiques pour contrebalancer la vision impérialiste de certains états ou groupes financiers », Laurence Mellinger, artiste plasticienne environnementaliste et designer (France).

« J’ai beaucoup aimé les trois manières différentes de restituer ces quelques jours passés ensemble, qui dénotaient trois visions différentes de cette expérience commune. C’était un très bel exemple de diversité culturelle », Charles Doumenge, chercheur, CIRAD.

“I had many new ideas how to make a performance on climate change (…) The topic of art process has to be about shifting the perception of the audience, toward more responsibility thinking”, José Niza, architecte et designer numérique (Portugal).

« Dans l’art se retrouve une liberté d’expression que la science a négligé », Driss Ezzine-de-Blas, chercheur, CIRAD.

« I’m happy to see we’re not alone in all this. This is a collective movement. My vision, that carries hope, is fortified », Anna Jeretic, artiste plasticienne (France).

Une question inattendue est posée par un scientifique : « Pourquoi ne pas intégrer un/des artiste(s) dans un projet scientifique ? », Laurence Boutinot, chercheur, CIRAD.

LE RESEAU IMAGINE 2020 – ART & CLIMATE CHANGE

Le réseau IMAGINE 2020 – art & climate change, créé en 2010, réunit des lieux culturels publics ou privés, qui ont une volonté commune de s’engager dans la dynamique globale de la lutte contre le réchauffement climatique. Un espace de réflexions où artistes et scientifiques dialoguent pour apporter une réponse sensible à la question du changement climatique, éveiller les consciences et faire évoluer les comportements. Son but est de donner naissance à de futures créations contemporaines à l’horizon 2015. Quatre autres universités d’été auront lieu d’ici là, afin de continuer d’alimenter la réflexion des participants.

L’ensemble des actions du réseau s’articule autour de quatre principaux objectifs :

1.       Créer : informer et soutenir une génération d’artistes en Europe pour leur permettre de prendre en compte le changement climatique dans leur travail ;

2.       Connecter : initier un changement significatif dans le monde du spectacle vivant, en conciliant les collaborations internationales, la mobilité et la liberté artistique, avec leur impact sur l’environnement ;

3.       Apprendre et échanger : encourager les échanges créatifs entre le monde de l’art et les scientifiques et les politiques, pour élever le niveau des débats actuels et imaginer des solutions ;

4.       Communiquer et documenter : susciter auprès du public européen une prise de conscience et l’envie d’agir.

Ce réseau, formé pour cinq ans (2010-2015), bénéficie d’un financement de la Commission européenne à hauteur de 50%, pour un budget global du programme de 4,4 millions d’euros. Il s’étend à travers neuf pays européens et réunit onze institutions culturelles diverses, hautement motivées et expérimentées :

Kaaitheater, Bruxelles, Belgique – pilote du projet ; Domaine d’O, Montpellier, France – organisateur de la première université d’été ; Artsadmin, Londres, Royaume-Uni ; Bunker, Ljubljana, Slovénie ; Domino, Zagreb, Croatie ; Kampnagel, Hambourg, Allemagne ; Latvijas Jaunā teātra institūts, Riga, Lettonie ; Le Quai, Angers, France ; LIFT, Londres, Royaume-Uni ;  Rotterdamse Schouwburg, Rotterdam, Pays-Bas ; Transforma, Torres Vedras, Portugal.

Le domaine d’O, un lieu culturel précurseur en France

Situé à l’orée de la ville de Montpellier dans un magnifique parc de 23 hectares, le domaine d’O, membre du réseau européen IMAGINE 2020, est une ancienne « Folie» montpelliéraine édifiée au XVIIIe siècle. Il est dirigé par Christopher Crimes qui a été administrateur à l’ouverture de la Maison de la Culture du Havre, directeur de la Filature – Scène Nationale – à Mulhouse et plus récemment du Quai à Angers. Il affirme un nouveau projet en phase avec son temps : faire du domaine d’O un lieu de référence international, où arts et sciences dialoguent et apportent des réponses nouvelles aux changements globaux, à travers des spectacles métissés, hybrides, insolites, des rencontres, des goûters et des projets d’écritures. La Nuit des Chercheurs, organisée depuis 2009, est à ce titre un temps fort très attendu de cette rencontre entre artistes et scientifiques. Le domaine d’O a par ailleurs intégré une démarche éco-responsable à toutes ses activités. Le domaine d’O a donc naturellement rejoint le réseau Thin Ice dès 2008 aux côtés de six autres structures en Europe, membres fondateurs du réseau étendu Imagine 2020 Art and Climate Change en 2010.

Contact presse : Isabelle Vernhes – agence PopSpirit – 01 42 93 44 56 / 06 61 32 27 08 – isabelle@pop-spirit.com

  • Est proposé par ilebaupain |
  • Le 15 novembre 2011 |
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