Corse, Cap de Saint Jean


Découverte de la presqu’île  entre Bastia et Saint-Florent. Cette presqu’île a façonné l’âme de sa population. De tradition  la Corse est une terre de bergers et de montagnards qui fuyaient le littoral comme la peste.

Cette presqu’île a façonné l’âme de sa population. De tradition  la Corse est une terre de bergers et de montagnards qui fuyaient le littoral comme la peste – ou plutôt la malaria – et les envahisseurs. Les Cap-Corsins eux  regardent la mer. La Méditerranée est omniprésente sur cette épine rocheuse de 40 km de long et 15 km de large.

Longtemps  ses habitants vécurent en quasi-autarcie: le cap n’a été relié au reste de l’île par une route qu’à la moitié du XIXe siècle. Les Cap-Corsins ont toujours tiré leur maigre richesse de la mer. Nombreux sont aussi ceux qui ont préféré répondre à l’appel du large. Ils ont jeté l’ancre à Saint-Domingue  à Porto Rico ou en Amérique du Sud  au cours du XIXe siècle. Fortune faite  ils reviennent au pays et se font construire des palais baptisés «les maisons des Américains».

Demeures cossues  elles s’inspirent des palazzi italiens ou des villas coloniales  avec leurs dimensions imposantes  leur escalier monumental  leurs portes en fer forgé… Voilà qui tranche singulièrement avec l’architecture austère des maisons de village. Ce patrimoine ne se visite pas  mais un coup d’œil est toujours recommandé  notamment à Rogliano  Centuri (hôtel du Vieux Moulin)  Morsiglia (palazzu Ghielfucci  au hameau de Pecorile)  Sisco (la villa Saint-Pierre  au hameau de Barrigione)…

Pour les mêmes raisons  la presqu’île abrite d’étonnants mausolées  ultimes demeures de lignée fortunées et des fameux «Américains»  tel le tombeau monumental de la famille Altieri-Calizi au hameau de Minervio ou bien celui des Piccioni à Pino.

Le cap et ses classiques peuvent se découvrir dans la journée en suivant la route de la corniche. Elle serpente  entre ciel et mer  de Bastia jusqu’à Saint-Florent.
La côte orientale se distingue par un doux relief avec des vallées ouvertes sur la mer. Ici et là  quelques «marines»  comme on appelle les extensions maritimes d’une kyrielle de petits villages nichés dans la montagne  déploient leurs vieilles maisons aux murs de schiste  autour d’un port de poupée. Illustration à Erbalunga ou à Porticciolo.

Seule Macinaggio (dernière marine avant de passer à l’ouest) abrite un vrai port de plaisance  l’un des plus courus du cap Corse. Il peut abriter jusqu’à 200 bateaux. C’est aussi principalement sur la côte est que se trouvent les plages de sable  à Macinaggio  Porticciolo  Pietracorba  Meria…

La côte occidentale offre un tout autre visage: relief escarpé  à-pics vertigineux auxquels s’accrochent de magnifiques villages  véritables vigies de la Méditerranée. Si Nonza en est la plus belle illustration  vertige compris  Canari ou Pino ne sont pas en reste. Accrochés à la montagne  noyés sous les pins et les cyprès  fixant l’horizon bleu marine  ces deux bourgs révèlent leur sublime beauté à l’heure du couchant. Sans oublier le coup de cœur obligé pour Centuri  un des ports les plus mignons de l’île de Beauté.

Pour y accéder  il faut emprunter une petite route en pente raide  toute de virages. Elle semble ne jamais finir. C’est sa manière de préparer le spectacle  d’assurer la surprise. Une dizaine de kilomètres plus bas  le minuscule port apparaît enfin  bordé de maisons aux murs usés par le temps. Les barques de pêcheurs tanguent paisiblement dans le bassin alors que les filets sèchent au soleil. Décor de théâtre et superbe petit joyau  enclave demeurée par miracle à l’abri du monde et du temps. Ici veille l’esprit du cap.